Papillon

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BONHEUR

matisse-la danse

Quand j’étais petit, ma mère m’a dit que le bonheur était la clé de la vie. Quand je suis allé à l’école, ils m’ont demandé ce que je voulais être quand je serais grand. J’ai répondu heureux. Ils m’ont dis que je n’avais pas compris la question. J’ai répondu qu’ils n’avaient pas compris la vie.
John Lennon

Étymologiquement, ce mot vient de l’expression « bon eür ». « Eür » est issu du latin augurium qui signifie « accroissement accordé par les dieux à une entreprise ». Ce mot latin est lui-même issu d’une racine indo-européenne (reconstituée) aweg, dont les autres principaux représentants en latin sont :
• Augere, auctus : « s’accroître » qui a donné augmenter…
• Auctor : « qui fait croître », « fondateur », « auteur », qui a donné auteur, autoriser, autorité, octroyer…
Du point de vue de l’étymologie, le bonheur est l’aboutissement d’une construction, qui ne saurait être confondue avec une joie passagère. Le fait que la création d’un auteur s’accroisse durablement provoque en lui-même l’accumulation des satisfactions, ce qui le mène au bonheur.
Une des hypothèses courantes des recherches en psychologie est que nous aurions un seuil de bonheur qui prédétermine en grande partie notre bien-être général. Nous orbitons autour de ce seuil, nous sentant plus heureux lorsque quelque chose de positif survient dans notre vie, et l’inverse, pour retrouver notre équilibre par la suite.
Or, il se trouve que ce seuil peut, dans une certaine mesure, être recalibré. Bien que notre humeur et notre bien-être soient en partie déterminés par des facteurs génétiques et culturels, les experts s’entendent pour dire qu’environ 40% de notre bonheur dépend entièrement de nous-mêmes. De vastes pans de la recherche autour de la psychologie positive ont démontré que le bonheur est choix que nous pouvons tous faire. Comme l’a dit le psychologue William James, « une des plus grandes découvertes de notre temps, c’est que l’humain peut changer sa vie en changeant son attitude face à celle-ci ».
Selon le neuropsychologue Rick Hanson, auteur du livre Hardwiring Happiness, nos cerveaux sont conçus pour détecter tout ce qu’il y a de négatif. Comme il le dit si bien, notre cerveau est comme une bande velcro pour les expériences négatives, et il est recouvert de téflon face aux expériences positives. Ce «biais négatif» fait en sorte que notre cerveau réagit intensément aux mauvaises nouvelles, comparativement à sa façon de réagir aux bonnes nouvelles. Un des effets pervers de ce «biais négatif» est de créer de mauvais souvenirs qui sont plus intenses que nos bons souvenirs, mais heureusement, nous pouvons toutefois intervenir consciemment sur ce dernier en prenant le temps de nous attarder sur les moments positifs dans notre vie, même les plus petits.
Le secret du bonheur pourrait être aussi simple (et complexe) que de devenir plus conscient. Tout porte à croire que la méditation, une pratique à la portée de tout le monde, pour peu qu’ils aient la volonté de prendre quelques minutes pour faire taire leur esprit, est une excellente façon d’accroître son bonheur.
Professeur de psychologie à l’université du Wisconsin, Richard Davidson a démontré, grâce à ses recherches, que la pratique de la méditation permettrait vraisemblablement de transporter l’activité cérébrale du lobe frontal droit (qui est associé à la dépression, à l’anxiété et aux craintes) vers le lobe frontal gauche, qui a été associé aux sentiments de bonheur, d’excitation, de joie et de vivacité.
La tradition philosophique occidentale oppose les optimistes, pour qui le bonheur comme « état de satisfaction totale » est possible (Spinoza, Montaigne, Diderot), voire facile (Épicure) et les pessimistes, pour qui il est difficile (Rousseau), voire impossible (Pascal, Schopenhauer, Freud). D’autres, comme Kant, opposent la recherche du bonheur et la réalisation de la loi morale : on ne peut pas chercher à être heureux en suivant la loi morale ; néanmoins, on ne peut pas parler d’une condamnation de la recherche du bonheur. Nietzsche, lui, la critique comme une fuite devant le tragique de la réalité, lui préférant l’expérience de la joie.