Anamnèse Andrea Mariconti

ENCRAGE

Pecheure en Sri lanka

MARINE Dispositif de mouillage d’engins à poste fixe et tenus par plusieurs ancres. L’ancrage d’une bouée, d’un corps mort.
PSYCHOLOGIE. Phénomène, effet d’ancrage. Au sens général, effet provenant de ce qu’une interprétation ou une réponse est déterminée non pas par les propriétés de l’objet mais par le cadre de références implicite de l’observateur ou du répondant. (Mucch. Sc. soc. 1969).
AÉRONAUTIQUE Action d’atterrir et de se fixer au sol
BÂTIMENT, TRAVAUX PUBLICS. Dispositif servant à assurer la fixité d’un élément, d’un ouvrage soumis le plus souvent à un effort de traction
CHEMINS DE FER. Dispositif servant à consolider une voie
Si l’ancrage peut se définir comme un point fixe qui nous relie affectivement et historiquement à nos origines, alors nous pouvons dater ce besoin de fixer une forme de notre mémoire à la période du paléolithique, avec les premières peintures rupestres. Une tendance qui remonterait donc à quelque 40 000 ans selon les dernières découvertes sur l’île de Sulawesi en Indonésie.
Renouer avec ses racines

Dans un passé plus proche, Marcel Proust nous a fait goûter toute la puissance et la saveur de l’ancrage avec sa madeleine, qui semble seule pouvoir l’arracher à l’accablement que lui inspirent  » la morne journée et la perspective d’un triste lendemain. »

Ainsi donc, s’il s’agit d’un trend, nous pouvons dire sans nous tromper que c’est même un courant de fond qui semble imprégner toute l’humanité et peut-être même la caractériser. Et si nous l’évoquons dans le cadre de cette rubrique, c’est parce qu’aujourd’hui, à l’aube avancée du 21e siècle, cette tendance a plus que jamais le vent en poupe.

Nous vivons dans un monde liquide, disait Zygmunt Bauman, c’est-à-dire à la fois instable, insaisissable, incertain et marqué par l’immédiateté. Un monde où il devient difficile de se projeter et dans lequel les individus éprouvent le besoin de jeter l’ancre en renouant avec leur histoire, leurs racines, leurs valeurs et la nostalgie de leur passé. « O temps suspend ton vol  » sonne alors comme une ode enivrante et apaisante, comme un cautère sur le tempus fugit et l’absence de perspective réjouissante

Systémique

reptiles-M.C.-Escher

« Bateson ne s’est pas demandé pourquoi cette personne-ci se comporte de manière folle. Il s’est demandé dans quel système humain, dans quel contexte humain, ce comportement peut faire du sens. »

Elkaïm.

L’anthropologue Grégory Bateson contribue à la naissance de l’approche systémique. L’approche systémique se distingue des autres approches par la façon de comprendre les relations humaines. En effet, la personne n’est pas le seul élément analysé dans la démarche. L’intervenant accorde une importance aux différents systèmes dont elle fait partie (familial, professionnel, social, etc.).L’histoire de la famille agit sur l’individu. Cet individu transporte avec lui des valeurs, des émotions et des comportements véhiculés par la famille et ceci depuis plusieurs générations. Cette personne est influencée à la fois par ses intentions, celles des autres, et celles des possibilités du milieu et/ou du système. L’intervenant s’intéresse aux règles de vie, aux processus de rétroactions, aux buts recherchés, aux mécanismes d’équilibre et aux pressions vers le changement. Il observe les modalités de communication, la congruence, le niveau de différenciation et d’engagement au sein du système. Il s’intéresse au niveau de remise en question permis, à la flexibilité des rôles ainsi qu’à leur degré d’adaptation à l’état actuel du système. L’intervenant souhaite amener le système-client aux prisex avec un problème à communiquer sur un nouveau mode et à vivre autre chose. Il facilitera le décodage adéquat pour que chacun puisse comprendre les autres. Il favorisera l’expression des émotions, des souhaits, des intentions positives et des efforts fournis. Il fournira aux membres du système l’occasion de communiquer sur leur façon de communiquer (métacommunication).
Nathan Ackerman (1954), psychiatre et psychanalyste New Yorkais, inclut l’ensemble de la famille dans le traitement de problèmes émotifs d’un individu. Il était particulièrement intéressé par les transferts, les projections entre les membres de la famille ainsi que les rôles tenus par chacun.

 

Les attitudes de Porter

Le psychologue américain Elias Porter, collaborateur de Carl Rogers, met en évidence une typologie d’attitudes identifiables (Les six attitudes d’écoute de Porter), qui sont plus ou moins naturelles et spontanées en fonction des personnes et des moments de la vie de chaque personne, déterminant ainsi la qualité et le style d’écoute pour chaque échange.
L’attitude Évaluation-Jugement : cette attitude nous positionne dans la figure du juge et positionne notre interlocuteur dans la position du jugé. Nous sommes dans cette attitude lorsque nous sommes dans le jugement et la critique, critique aussi bien positive que négative. Cette attitude nous place, dès lors, dans une position de pouvoir par rapport à l’autre.
L’attitude d’interprétation ou art de l’herméneutique. Autre attitude de pouvoir à l’égard d’un tiers, puisque celui qui « interprète » connaît au moins un langage de plus que celui qui est le sujet-objet de l’interprétation. Très usité chez les coach et les psychologues, tout l’art de l’interprétation réside dans la mesure et la discontinuité. Dans le cas contraire, les réactions peuvent être très négatives et violentes : refus d’être mis à nu, rapport de force direct, posture d’adversité.
L’attitude de soutien et de relation d’aide : il s’agit de la métaphore du tuteur ou l’image de la béquille. L’attitude de soutien consiste, pour l’autre, à s’en remettre entièrement à l’accompagnant le temps d’une réhabilitation, d’un mieux-être, ou d’une autonomisation de la personne.
L’attitude d’investigation ou d’enquête : l’enquêteur, l’inspecteur, autres types de figure du pouvoir et de l’autorité sur un tiers. Dans des temps plus reculés, cela pouvait prendre le nom d’inquisiteur.
L’attitude « orientée solutions » : là aussi nous avons les « pour » et les « contre ». Ce type d’approche peut avoir des résultats positifs dès lors que l’accompagnant a pris le temps nécessaire pour identifier clairement les enjeux de la demande et les besoins car, à défaut, si la solution n’est pas celle attendue elle pourra tout simplement être rejetée en bloc, coach avec.
L’attitude de compréhension (ou empathique) : cette attitude est certainement la plus utilisée, et la plus recommandable, dans les métiers de l’accompagnement, du coaching, de la relation d’aide ou de la psychothérapie.

AUTO HYPNOSE

andy_warhol_mirror par Philippe Morillon

L’auto-hypnose est un état modifié de conscience qui conduit à un état mental d’hypervigilance (caractéristique de l’hypnose) et souvent de relaxation dans lequel le sujet cesse de diriger volontairement le cours de ses pensées et où il se met en rapport avec son inconscient, ses émotions profondes et ses idées écartées durant les phases de pensée volontaire parce qu’elles sont inutiles ou importunes. (Ou non accessibles au conscient).

 

Cette pratique consiste à développer des utiles pour pouvoir :

  • Agir sur son inconscient en apprenant notamment à programmer de nouveaux comportements et à déprogrammer de mauvaises habitudes.
  • Acquérir différentes techniques simples à appliquer pour améliorer sa vie au quotidien.

Autonomie

« L’autonomie n’est pas un état acquis une fois pour toute, mais :

• Un processus de croissance qui n’est jamais achevé.

• Ce processus comporte des étapes successives dont on ne peut faire l’économie.

• Le passage d’une étape à l’autre suppose des transformations : à chacune de ces transformations on doit passer par des processus de deuils, une véritable « mort » en vue d’une « résurrection ».

• Chaque étape comporte un aspect positif (OK +) et un aspect négatif (OK -).

• L’autonomie n’est pas une réalité en soi, elle s’apprécie toujours dans le contexte d’une relation, par conséquent elle est par nature un phénomène systémique qui ne peut être traité que comme tel. »1

Ou :

« Donne un poisson à un homme, et tu le nourris pour un jour.
Enseigne-lui à pêcher et tu le nourris pour une vie entière.» Confucius.

Assertivite

Robert Doisneau, monochrom23reich

l’Assertivité : Savoir être qui consiste à s’affirmer en respectant l’autre.

Être assertif est une aptitude qui renvoie au comportement social de l’individu et à sa manière de communiquer, dans les milieux familiaux et professionnels.

Souvent injustement confondu avec l’agression, les individus assertifs ont l’intention de n’être ni passifs, ni agressifs, dans leurs relations avec les autres personnes. Bien que chacun agisse de façon passive ou agressive de temps en temps, ces réactions résultent, dans la plupart des cas, d’un manque de confiance en soi et, constituent donc des expressions inconvenantes dont les gens n’ont pas vraiment besoin.

Le défaut d’assertivité peut être vu comme une utilisation inadéquate de nos capacités de communication, tandis que le fait d’être assertif doit être considéré comme un comportement équilibré, car il consiste à être ni passif, ni agressif.

Assertivité : L’art de faire passer un message difficile sans passivité mais aussi sans agressivité.

Fuite : Les comportements de soumission, qui peuvent se matérialiser par la fuite ou l’abandon

Agressivité : Les comportements d’agression (ou de domination par la force)

Manipulation : Les comportements de manipulation (ou de domination par la ruse), parfois exprimés sous forme de manipulations mentales.

Assertion

M.C.-Escher-représentations-réflexions

En logique et en mathématiques, une assertion est une proposition mathématique vraie. Cette proposition vraie s’inscrit dans le cadre d’une théorie précise. Cette même proposition peut d’ailleurs être fausse au sein d’une autre théorie.

« Du latin adsertio, de adserere, « affirmer ». En logique, concept introduit par Frege qui en fit un double usage, logique et pragmatique, qu’il convient aujourd’hui de séparer nettement. »

Linguistique, logique : « Opération qui consiste à poser la vérité d’une proposition. »

Dictionnaire des concepts philosophiques, Michel Blay, Editions CNRS Larousse, 2006.

Automatisme

Paul KLEE senecio

L’automatisme psychologique est un terme créé par Pierre Janet en 1889. Pour lui il s’agit d’une « activité humaine dans ses formes les plus simples, les plus rudimentaires ». Il distingue deux types d’automatisme ; l’automatisme total et l’automatisme partiel. L’automatisme même total comporte une conscience élémentaire.

Ces deux niveaux d’automatisme se conçoivent en référence à la notion de champ de la conscience par analogie avec le champ visuel. Le champ de la conscience se définit comme le plus grand nombre de phénomènes susceptibles de se présenter simultanément à la conscience. Ce qui suppose chez le sujet un effort de synthèse psychique plus ou moins élevée constituant la plus ou moins grande étendue de ce champ. Le niveau le plus réduit de ce champ est l’état cataleptique où une seule idée vient l’occuper entièrement. L’hypothèse de Janet est que les enchaînements de gestes provoqués dans l’état cataleptique relèvent encore d’une activité psychologique.

Avec l’extension du champ de la conscience apparaissent des images accessoires formant l’idée du moi, du monde extérieur et du langage, les phénomènes se présentent alors sous la forme d’une perception. L’automatisme des perceptions relève de l’automatisme total mais permet au sujet une mince interaction avec son environnement que l’on ne trouve pas dans les actes accomplis en état de catalepsie. Un exemple d’automatisme total est rapporté par Janet avec une de ses patientes Léonie : lorsqu’en début de sommeil provoqué (somnambulisme) Janet se contente de lui joindre les mains, la patiente étant en état cataleptique, cela déclenche chez elle un enchaînement de gestes mimant la conduite de communion à l’église. De là Janet soutient l’idée qu’en état de catalepsie la conscience est bien là, certes c’est une conscience élémentaire, mais irréductible à la simple physiologie.

L’argument selon lequel la catalepsie n’est pas un phénomène psychologique parce que la conscience en serait totalement absente (au sortir de la catalepsie le sujet n’en a en effet aucun souvenir) n’est pas recevable. Pour Janet cette absence ne démontre rien : un lecteur du Times tué brusquement après sa lecture n’aura aucun souvenir de sa lecture. Dira-t-on alors que son activité de lecture en était dépourvue ?

De plus, il relève que :

  • ces mouvements résultent d’une coordination intelligente

  • il existe un effet d’apprentissage : « un certain souvenir se manifeste d’abord dans les catalepsies suivantes par l’habitude qu’acquiert rapidement le sujet de faire avec plus de perfection les actes qu’on lui fait faire le plus souvent ».

Wallon commence par distinguer deux types d’automatisme. Le premier est l’ automatisme naturel (qu’il nomme instinct naturel), qui est minoritaire chez l’Homme, et qui consiste en un enchainement d’action répondant à un stimulus donné. Le second est l’ automatisme artificiel, qui est « un moyen dont dispose l’organisme pour gérer son rapport avec le milieu par la mise en forme précise de son activité de relation »

L’automatisme artificiel serait alors composé d’éléments simples, intériorisés, et organisés qui, en se recomposant de façon souple, engendrent un comportement adapté à une situation particulière. Yves Clot décrit cette caractéristique dans le cadre de la psychologie du travail : « À la manière d’H. Wallon, chez qui on trouve l’une des plus belles critiques des conceptions amorphes de l’automatisme gestuel, on pourrait dire qu’ici, le couronnement de l’automatisme ce n’est pas d’avoir fixé dans le collectif un certain enchaînement d’actions obligatoires, c’est au contraire la liberté croissante dont chacun peut bénéficier dans le choix des actions à enchaîner. Le genre possède le ressort et la contenance qui permettent à chacun d’emprunter aux chaînes opératoires et symboliques déjà constituées ceux de leurs éléments qui doivent servir à constituer une forme nouvelle d’action devant les inattendus du réel.»

Altruisme

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L’altruisme est un terme employé pour décrire un comportement caractérisé par des actes n’ayant pas d’avantages apparents pour l’individu qui les exécute mais qui sont bénéfiques à d’autres individus. Chez l’Homme il peut désigner un amour désintéressé d’autrui, c’est-à-dire le souhait qu’autrui trouve le bonheur et la générosité n’attendant rien en retour.

Ce terme est parfois employé dans le sens d’empathie ou plus souvent dans le simple sens de générosité. Il est peut-être décrit par l’éthique de réciprocité.

Le terme altruisme peut être considéré comme antinomique d’égoïsme.

Le mot altruisme apparait pour la première fois en 1854 dans l’ouvrage Catéchisme positiviste d’Auguste Comte, c’est-à-dire pendant la phase dite « religieuse » du positivisme. Il désigne une attitude d’attachement, de bonté, voire de vénération envers autrui, qui résulte d’un sentiment d’amour instinctif ou réfléchi pour l’autre.

La psychanalyste argentine Raquel Capurro, également philosophe de formation, décrit précisément dans quelles conditions Auguste Comte a élaboré la « religion » positiviste1 : Comte tombe très amoureux de Clotilde de Vaux en 1845, c’est alors qu’elle attrape la tuberculose, et meurt un an plus tard. Auguste Comte a du mal à faire son deuil : se recueillant dans l’église Saint-Paul près de l’appartement de Clotilde de Vaux, ce deuil participe à l’invention de la « religion » de l’humanité, qu’il qualifie de fétichisme : l’ethnologie était à la mode à cette époque, et on découvrait ces pratiques dans les cultes africains.

Selon Émile Maximilien Paul Littré, qui a développé la doctrine positiviste, l’altruisme provient « de la nécessité d’aimer imposée fondamentalement par l’union des sexes pour que l’humanité subsiste comme espèce ».